Réflexions sur Canada C3 – Première partie : La vraie diversité, c’est de célébrer des événements en respectant nos différences

Par: Khairunnisa Intiar

Le Premier ministre Justin Trudeau a écrit sur la Hah-nu-nah’s Gift Box (une création de l’artiste Patrick Saad, qui a participé à l’Étape 3 et qui a voyagé sur le navire) : « Our differences must make us stronger, together. Merci. »

Lorsque j’ai embarqué sur le Polar Prince pour l’Étape 3 de Canada C3, le soir du 20 juin, c’était le mois sacré du ramadan, une période spéciale et spirituelle pour une musulmane comme moi. Je ne jeûnais pas à ce moment-là; j’en étais exemptée pour plusieurs raisons : parce que je voyageais, notamment. Tout de même, le 25, tandis que nous visitions l’archipel de Mingan, au Québec, c’était la fête de l’Aïd el-Fitr. Ainsi, le 24, lors de la Fête nationale du Québec que nous avons passée à Havre-Saint-Pierre, des membres de ma famille m’ont envoyé des messages et des photos de l’Indonésie. Ils avaient 11 heures d’avance sur nous et ils avaient terminé la prière matinale de l’Aïd el-Fitr avec la communauté.

C’était la première fois que je célébrais véritablement la Fête nationale du Québec; j’ai même appris une chanson québécoise pendant le déjeuner (oui, nous avons commencé à chanter de bonne heure)! Mais ce soir-là, après un beau feu de joie à Havre-Saint-Pierre, j’ai soudainement réalisé que ma famille me manquait beaucoup. Même après lui avoir passé un appel vidéo, je me sentais seule, car il n’y avait pas d’autre musulman à bord avec qui je pouvais partager cette journée. La fête de l’Aïd el-Fitr et le soir qui la précède sont très spéciaux pour moi; j’ai pensé : « Personne d’autre ne s’y intéressera. » C’est comme si vous ADORIEZ la fête de Noël, et que votre famille entière la célébrait à la maison (en vous envoyant des photos de biscuits!), mais que vous vous trouviez dans un endroit où la plupart des gens ne la connaissaient pas.

Alors le lendemain, après le déjeuner, j’ai mentionné à Shazad, un membre de l’équipage, que c’était le matin de l’Aïd el-Fitr (heure du Canada). Il a exprimé son enthousiasme et m’a dit qu’il le ferait savoir à notre ami Phil, un chef cuisinier qui devait préparer le souper pour la première fois ce soir-là. Phil, qui est le chef du restaurant Nightingale à Vancouver, participait lui aussi à cette étape du voyage. Je l’ai également indiqué lors de notre réunion matinale, parce que j’ai pensé qu’il s’agirait au moins d’une occasion de présenter une partie de mon histoire personnelle.

Au souper, Phil a souligné que c’était l’Aïd el-Fitr. J’en ai brièvement parlé aux personnes qui n’avaient pas assisté à la réunion du matin, leur expliquant qu’en général, les musulmans partagent leurs repas avec leur famille et leurs amis ce jour-là. Nancy, une autre participante, a pris l’initiative de faire un « cercle de reconnaissance ». Bien qu’elle ne soit pas religieuse, elle nous a invités à nous tenir par la main et à prendre un moment pour être reconnaissants des bienfaits de la vie. Tout le monde m’a souhaité un heureux Aïd el-Fitr, puis nous avons dévoré le formidable repas que Phil avait cuisiné avec des ingrédients locaux. Le soleil se couchait tandis que nous naviguions sur le golfe du Saint-Laurent. C’était un beau jour de fête et mon cœur (comme mon estomac) était plein.

Dans de nombreuses régions du Canada, le souper s’accompagne d’un verre de vin ou d’une bouteille de bière (commandités en l’occurrence par des entreprises partenaires). Il est très rare de voir des gens célébrer l’Aïd el-Fitr avec de l’alcool et des côtes de porc, mais VOILÀ JUSTEMENT LE POINT. Mes amis n’avaient pas besoin de partager mes croyances pour être présents et m’apporter leur soutien. Je choisis toujours l’option « sans porc » et « sans alcool » – et aucun Canadien n’a essayé de me faire changer d’attitude, soit dit en passant –, mais cela ne veut pas dire que mes amis doivent faire la même chose. C’est cela, la diversité : nous ne pouvons pas tous nous ressembler; mais grâce à nos différences, nous pouvons nous enrichir les uns les autres.

Nous ne pouvons pas tout savoir. Mais nous pouvons poser des questions et en apprendre sur les autres. Qu’avons-nous en commun? Qu’est-ce qui nous distingue? Nos similitudes peuvent servir de fondement à nos relations et nos différences peuvent élargir nos horizons. Telle a été mon expérience sur le navire; chaque jour, j’ai appris quelque chose de mes amis autochtones, francophones, anglophones, plus ou moins jeunes, aux orientations sexuelles diverses et aux expériences professionnelles variées.

Le Canada est riche de sa diversité – il s’agit d’une ressource nationale. Nous la gaspillerions si nous ne travaillions pas ensemble à exploiter le potentiel massif que nous détenons. Comme l’a écrit le Premier ministre Justin Trudeau sur la Hah-nu-nah’s Gift Box de Patrick Saad : « Our differences must make us stronger, together. »

Cet article a été publié à l’origine sur le site Medium.